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    Cinéma ville - janvier 2012

    Jeunes cinéastes à Paris

    Est-ce la commodité d’un tournage dans la capitale, près des sociétés de production ? Le fait que la plupart des réalisateurs soient Parisiens, et que souvent, quand on débute, on filme ce qu’on connaît bien ? En tout cas, une majorité de premiers fi lms se passe à Paris. La preuve en une vingtaine de longs métrages tournés ces vingt dernières années, de La Discrète (1990) à La Reine des pommes (2010).

    Une fumerie d’opium nichée dans un sous-sol du quartier chinois (Le Tueur), la zone internationale de l’aéroport de Roissy (Tombés du ciel), des salles de soin de l’Hôtel-Dieu (Les gens normaux n’ont rien d’exceptionnel), un circuit automobile (Circuit Carole)… Si les lieux de tournage sont parfois inattendus, ce sont les rues de Paris qui tiennent le haut du pavé (forcément !), suivies de près par les cafés. Doit-on y voir un écho à la Nouvelle Vague, grande pourvoyeuse de premiers films ? De nombreux jeunes cinéastes arrivent alors en force, désireux de tourner dans des lieux qu’ils connaissent bien, reflets de la vraie vie filmés sans artifice, avec le bruit des voitures, des conversations qui se chevauchent ou des verres qui tintent. L’homme qui marche annonce d’emblée la couleur : la rue sera son territoire. Inspiré d’une histoire vraie, le film esquisse le portrait d’un homme insaisissable, poète et vagabond, qui écrivit puis n’écrivit plus, mais toujours continua de marcher, à Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés, dont les cafés lui servaient de havre provisoire. Ce quartier des éditeurs est le royaume du héros de La Discrète : il en arpente les rues comme une scène de théâtre (d’autant qu’il est joué par Fabrice Luchini) où se fomentent manigances littéraires et amoureuses. Dans Le Pressentiment, Jean-Pierre Darroussin parcourt aussi la capitale, mais à vélo, signe de son refus du confort matériel et des conventions bourgeoises.

    Genre et sentiment

    Presque toujours des productions à petit budget, les premiers films sont souvent des oeuvres intimistes où l’important, ce sont les
    sentiments : histoires de famille douloureuses (Un frère, Circuit Carole, Depuis qu’Otar est parti), histoires d’amour traitées sur le mode de la comédie (Dieu seul me voit, Il est plus facile pour un chameau), virant parfois à la tragi-comédie (La Reine des pommes, qui conte les déboires amoureux d’une héroïne à la fois burlesque et dépressive). Mais le “cinéma de genre” n’est pas absent de ce qu’on ne peut pas appeler un genre, le premier fi lm. Ainsi les premières réalisations de deux anciens critiques des Cahiers du cinéma, Thierry Jousse et Cédric Anger, s’aventurent-elles avec audace sur le terrain du fantastique (Les Invisibles) ou du fi lm noir (Le Tueur). Un autre film noir adopte le ton du pastiche : Cible émouvante, interprété par l’inénarrable Jean Rochefort. Loin de se reposer sur des lauriers comiques amplement mérités, l’acteur participe régulièrement à des premiers films, que sa notoriété contribue à financer. Tombés du ciel, qui dénonce l’absurdité et la cruauté de la condition de sanspapiers,
    porte aussi la marque de sa présence singulière.

    Les invités du mois

    1990-2010 : Laurence Ferreira-Barbosa, Valeria Bruni-Tedeschi, Philippe Lioret, Sylvie Verheyde, Emmanuelle Cuau, Rabah Ameur- Zaïmeche, Julie Bertuccelli, Aurélia Georges ou Cédric Anger, tous sont venus au Forum des images présenter leur premier film. Joann Sfar et Cyril Gelblat les rejoignent aujourd’hui pour les projections de Gainsbourg (vie héroïque) et Les Murs porteurs.