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    Qu'est-ce qui rend les robots attachants ?

    en partenariat avec Courrier International

    Alors qu’ils seront de plus en plus présents autour de nous dans les années à venir, les robots nous inspirent toujours des sentiments mitigés, entre sympathie immédiate et rejet. Aimables, ces petites machines ? Comment alors expliquer l'engouement qu'ont pu susciter le petit robot Philae, dont les aventures ont récemment passionné les Terriens, ou Wall-E, le héros du film d’animation éponyme ?


    Wall-E, père de Philae ?
    "Ma vie sur une comète vient juste de commencer. Je vous en dis plus sur ma nouvelle maison, la comète #67P, très bientôt... zzz." Voici le dernier message apparu, le 15 novembre 2014, sur le compte Twitter de Philae, le petit robot. Pendant quelques jours, les Terriens se sont passionnés pour les exploits de ce cube de métal, largué par la sonde Rosetta à la surface d’une comète. Sa mission ? Ni plus ni moins que de trouver les origines de la vie dans la poussière d’étoile, extraire les cendres de la naissance de notre système solaire que renferme le noyau de la comète. Une mission qu’il a remplie en grande partie, avant de sombrer dans un sommeil dont il ne sera tiré qu’à l’approche du Soleil.

    Instantanément, Philae a été propulsé au rang de héros. Un héros semblable à Wall-E, le robot imaginé par les studios américains Pixar et sorti sur les écrans en 2008. A tel point que les observateurs ont commencé à comparer les deux créatures.


    Wall-E d'Andrew Stanton © Collection Christophel

    Sentiments ex machina
    Pourquoi ? Parce que l'ESA, l'Agence spatiale européenne, a donné une voix à Philae. Certes, contrairement à Wall-E, dont le vocabulaire est extrêmement limité mais qui vocalise sur tous les tons, la voix de Philae n’est qu’un fil Twitter, mais c’est bien le robot que l’on fait parler. Et comme Wall-E, il exprime son enthousiasme, sa fatigue, sa perplexité… et sa solitude. Car à l’instar du héros de Pixar au début du film, Philae est seul sur sa comète : c’est un ambassadeur de l'espèce humaine dans un milieu hostile. Un ambassadeur qui peine, trébuche, rebondit, s’accroche à sa comète dans un ultime effort et accomplit finalement un exploit.

    Ce caractère faillible du robot, les efforts qu’il accomplit pour surmonter les obstacles, c'est exactement ce qui fait de Wall-E un robot si attachant. Dans les 20 premières minutes du film, il déambule, s’interroge, affronte ses peurs, et apparaît finalement plus humain que les Humains qui l’entourent. Pour Philae, il en va de même: ses erreurs, ses difficultés à l’atterrissage puis son sommeil de Belle au bois dormant semblent le rendre définitivement "humain".

    Mais peut-être ne faut-il pas chercher si loin ce processus d’anthropomorphisme. Il y a déjà sur Terre des robots auxquels nous pouvons nous attacher autant qu’à Philae. La question qui demeure est la suivante : y aura-t-il un jour des robots capables de nous aimer comme nous les aimons ?

    Virginie Lepetit, Courrier international    
    @lepetit_peuple