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    Olivier Assayas
    Olivier Assayas

    La Master class d'Olivier Assayas

    Les cinéastes qui se passionnent pour le cinéma des autres ne sont pas si nombreux que l’on ne doive remarquer ce trait de la personnalité d’Olivier Assayas. La réalisation de ses propres films ne l’a pas détourné de ce désir de “parler” de cinéma, lui qui a débuté aux Cahiers du cinéma à l’aube des années 80, a donné notamment un livre de “Conversations avec Bergman” et signé un portrait filmé de Hou Hsiao-hsien qui traduisait également la permanence de sa fascination pour le cinéma asiatique, taïwanais et hongkongais surtout, dont il fut un des grands découvreurs et “passeurs” français.

    D’abord scénariste, en particulier pour André Téchiné (Rendez-vous, Le Lieu du crime et plus tard Alice et Martin), il réalise son premier long métrage en 1986 et lui donne le titre de Désordre, qui lui correspond bien en ceci que le cinéaste Assayas entend se laisser guider au moins autant par son intuition que par son intelligence. Il lui plaît de prendre ses propres réflexions sur le cinéma au piège de ses films, ou le contraire, les contradictions l’excitent, les frictions et les oppositions l’enchantent, il a compris depuis longtemps que la création d’images et de sons, de sensations et d’émotions, ne pouvait passer que par l’instabilité, la prise de risque, la mise en danger.

    Ses voyages en cinéma prennent souvent des allures de périples planétaires, qui situent certains de ses films dans un monde intermédiaire, quelque part entre Europe, Asie et Amérique, entre une rêverie portée par les films des premiers temps (Irma Vep, 1996) et l’adaptation d’une oeuvre littéraire (Les Destinées sentimentales, 2000), entre l’interrogation de la société moderne dans son universalité (Demonlover, 2002, Boarding Gate, 2007) et des modes d’approche en apparence moins radicaux (Clean, 2004, L’Heure d’été, 2008), entre une exigence jamais prise en défaut et un désir évident de s’ouvrir au public le plus large. Cette volonté de ne pas se laisser enfermer dans quelque case préformatée, de ne se ranger sous aucune bannière, si commode ou séduisante puisse-t-elle paraître, continue de porter ce cinéaste de cinquante-cinq ans aux allures d’éternel jeune homme, dont il est à se demander si son plus grand plaisir n’est pas précisément de ne se trouver jamais là où il se sait attendu. La réalisation pour la télévision (Canal Plus) de trois films retraçant le parcours meurtrier du terroriste Carlos constitue comme une nouvelle réponse à ce souhait non formulé, mais exprimé sans cesse par l’exemple.
    Pascal Mérigeau