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    • JEU 27 OCTOBRE 2011 À 19:00

    La Master class de Robert Guédiguian

    Enfant, il rêvait d’être un communiste emprisonné par les nazis. Robert Guédiguian, arménien d’origine, né d’une mère allemande, Marseillais à la vie à la mort, est devenu cinéaste. Un peu plus que cela, même, puisqu’à travers Agat Films il s’est en qualité de producteur acquis une place essentielle dans le paysage français. Il est aussi, il est d’abord, un homme de fidélité, qui depuis plus de trente ans travaille avec les mêmes comédiens, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, beaucoup d’autres, et souvent avec les mêmes techniciens. Autour d’eux, avec eux, et d’une certaine façon pour eux, il a construit une oeuvre riche à ce jour de dix-sept films, de Dernier été, c’était en 1980, à aujourd’hui Les Neiges du Kilimandjaro, une de ses réussites majeures, la plus belle ovation du dernier Festival de Cannes, dans les salles le 16 novembre 2011.

    Il existe un ton, une manière Guédiguian qui n’appartiennent qu’à lui et se reconnaissent, quelle que soit la direction qu’il lui plaît de faire prendre à son cinéma, mélodrame ou comédie, drame historique ou charge politique. Avec, autre constante, une audace qui au fil des années, au gré des succès (près de trois millions d’entrées pour Marius et Jeannette), n’a cessé de grandir et qui le conduit à filmer l’amour dans toute sa nudité, candeur et cruauté mêlées (Marie-Jo et ses deux amours), à dessiner aussi bien le portrait d’un homme d’État (Le Promeneur du Champ de Mars) que celui des laissés-pour-compte de la société moderne (La ville est tranquille), à transposer à Marseille, de nos jours, tant James Baldwin (À la place du coeur) que Victor Hugo (Les Neiges du Kilimandjaro, inspiré du poème “Les Pauvres Gens”). La trajectoire de cet enfant de l’Estaque qui aura 58 ans le 3 décembre, est sans équivalent dans l’histoire du cinéma français. Elle est celle d’un militant pour qui le cinéma n’est pas seulement une machine à exprimer des idées sur le monde, mais aussi, et de manière de plus en plus évidente pour lui, un terrain de jeux, d’expérimentations, de plaisirs infinis. Une preuve parmi d’autres que le cinéma peut permettre de réaliser ses rêves ? Dans L’Armée du crime, qui retrace l’histoire du groupe Manouchian, il s’était donné à lui-même le rôle, discret mais tout de même, d’un communiste emprisonné.

    Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).

    Durée approximative de la séance : 1h30