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    • MER 23 NOVEMBRE 2011 À 18:00

    La Master class de Michel Blanc

    Acteur, écrivain, cinéaste, metteur en scène, c’est un athlète complet qui revient sur sa carrière à l'occasion d'une Master class exceptionnelle au Forum des images !

    Quand il est allé présenter Grosse fatigue à Tokyo, les Japonais n’en revenaient pas qu’il ait réalisé une comédie : normal, ils ne le connaissaient jusqu’alors qu’à travers Monsieur Hire, son rôle le plus noir. Et forcément, cela lui a beaucoup plu, lui qui n’aime rien tant que prendre le contre-pied de l’image qu’ont dessinée de lui le café-théâtre, les comédies qu’il a jouées, les scénarios qu’il a écrits, ses apparitions télé et le reste.

    Lassant en effet, on peut l’imaginer, de passer toujours pour le rigolo de service, souffre-douleur des Bronzés, roi des pique-assiette et prince des coups foireux, hypocondriaque de compétition, mine défaite et répliques assassines ou suicidaires, parfois les deux. C’est en faisant l’acteur, chez Tavernier (Que la fête commence), Claude Miller (La Meilleure Façon de marcher) ou Polanski (Le Locataire) pour commencer, puis chez Patrice Leconte à de nombreuses reprises, qu’il s’est découvert des désirs de mise en scène. Et lorsque Leconte, pour qui il avait écrit Marche à l’ombre, a insisté pour qu’il réalise lui-même le film, il s’est lancé, et le film a triomphé. Succès trop colossal, sans doute, pour n’être pas embarrassant. À Michel Blanc il a fallu du temps pour plonger de nouveau et, de ce désarroi, Grosse fatigue, son deuxième film, se nourrissait, qui se vit décerner à Cannes le Prix du Meilleur Scénario en 1994.

    Cinq ans plus tard, il y eut Mauvaise Passe, film londonien avec Daniel Auteuil dont Hanif Kureishi lui avait soufflé l’idée, film en anglais éclairé par le chef opérateur de Ken Loach. Jamais la volonté de Michel Blanc de ne pas se trouver là où il se sait attendu ne l’avait poussé aussi loin. Depuis, il a réalisé encore Embrassez qui vous voudrez, travaillé avec Téchiné (Les Témoins, La Fille du RER), succédé à Paul Meurisse dans le rôle du commissaire Blot du Deuxième Souffle (Alain Corneau, 2007), il a écrit pour le théâtre, interprété un directeur de cabinet ministériel dans L’Exercice de l’État (Pierre Schoeller, 2011).

    Et il se prépare à mettre en scène un opéra, servant ainsi une passion profonde qui longtemps est demeurée secrète. Les producteurs le tannent pour qu’il écrive et réalise des comédies, seulement voilà, comme il l’affirme lui-même, il ne veut plus faire là où on lui dit de faire. Michel Blanc a tombé le masque du comédien, désormais il ne le remet que quand il le veut bien. Acteur, écrivain, cinéaste, metteur en scène, c’est un athlète complet qui le 23 novembre honore de sa présence le Forum des images.

    Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).