close
close
keyboard_arrow_left RETOUR

    Présentation du programme Monstruosités

    Le cinéma, associé dès ses origines à la baraque de foire, a su garder des accointances avec elle. Bien avant que Lynch ne filme Elephant Man, Tod Browning tourne Freaks, la monstrueuse parade. Ce titre met en évidence le sujet du film, la monstruosité, déjà présente dans L’homme qui rit de Paul Leni. C’est pourtant le film de Browning qui inspire plus directement des cinéastes comme Lynch, Jodorowsky ou Cronenberg. La marchandisation de l’humain attente, dans l’ensemble de ces films, à son élémentaire dignité. Les films de monstres sont alors des révélateurs politiques - recours fantasmatiques qui explorent les béances d’une société.

    Le monstre est celui qu’on montre, qu’on exhibe dans une foire, en raison de son caractère « prodigieux » (monstrum en latin). Au début du XIXe siècle, un basculement s’effectue : les monstres, assimilés à une erreur de la nature, intéressent les scientifiques. La tératologie, développée sous l’impulsion des travaux de Geoffroy Saint-Hilaire, en a ainsi dressé une typologie.

    Mais « la monstruosité n’appartient pas en soi à un individu, mais renvoie aux réactions de l’observateur » (Pierre Ancet,  philosophe). Ainsi, elle fait moins écho aux malformations physiques de l’individu qu’à celui qui s’y confronte. Le corps jugé monstrueux est celui auquel on enlève l’humanité. Ce programme propose une sélection de films qui distillent leur malaise. Bousculé qu’il est dans sa perception du beau et du laid, du bien et du mal, du vrai et du faux, du normal et de l’anormal, le spe tateur est inévitablement confronté à sa propre dualité, et quelque part à sa propre monstruosité…

    La programmation Monstruosités a été élaborée par Isabelle Vanini, programmatrice au Forum des images.