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    Edgar Morin
    Edgar Morin
    du 15 au 19 OCTOBRE 2014

    Edgar Morin le cinéphage

    Penseur de la « complexité », militant infatigable d’une « politique de civilisation » qui offrirait l’espoir de plus de  communauté, de fraternité et de liberté, Edgar Morin est aussi l’un des premiers sociologues et philosophes à nourrir sa pensée à la source du cinéma, dont il a su voir qu’il était « beaucoup plus beau, émouvant,  extraordinaire que toute autre représentation »*…

    « Comment vis-tu ? Comment tu te débrouilles avec la vie ? » En 1960, deux jeunes enquêteurs, l’un cinéaste-anthropologue (Jean Rouch), l’autre sociologue (Edgar Morin), interrogent les Parisiens au gré de leurs rencontres. Sans scénario, guidés par le hasard et leur désir de comprendre un « air du temps », ils inventent avec Chronique d’un été une nouvelle forme, qu’ils mettront bientôt eux-mêmes en cause, le cinéma-vérité. Cinéma-vérité ou cinémamensonge ? Peut-être peut-on déjà y lire ce refus de l’opposition des contraires, cette volonté d’unir des notions qui se repoussent, caractéristique de la « pensée complexe ».

    Enfant, Edgar Morin devient non pas encore « cinéphile » mais ce qu’il appellera lui-même plus tard « cinéphage ». Il ne voit pas seulement les films, il les « dévore ». Ce qui est sans doute d’abord un refuge, un plongeon dans l’imaginaire pour fuir une réalité trop douloureuse, devient peu à peu moyen de compréhension et de perception sensible du monde. Indifférents au clochard que nous croisons chaque jour dans la rue, nous sommes émus par Charlot : le cinéma nous révèle ce qu’il y a de meilleur en nous-même - il nous rend meilleurs.

    Marqué dès son plus jeune âge par les films de Jacques Feyder, René Clair, G. W. Pabst, Fritz Lang et beaucoup d’autres, Edgar Morin ne s’est jamais éloigné du cinéma. Sociologue des « Stars » (Éd. du Seuil, 1957), il est resté jusqu’à aujourd’hui un spectateur passionné du cinéma et du monde, engagé par l’un dans une réflexion permanente sur l’autre. Le cinéma a été l’un de ses sujets d’étude scientifique. Il a surtout été le ferment d’une pensée originale qu’il n’a cessé de nourrir.

    Pendant cinq jours, le Forum des images accueille un Edgar Morin multiple et… complexe : le sociologue, le cinéaste, l’amoureux de Paris et des villes, le philosophe, le militant irrémédiablement tourné vers l’avenir - bref, le « cinéphage » qui dévore le cinéma comme il embrasse le monde.

    * Préface de « Le Cinéma ou l’homme imaginaire, essai d’anthropologie » (Éditions de Minuit, 1977)

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