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    Barbet Schroeder
    Barbet Schroeder

    La Master class de Barbet Schroeder

    Nul autre cinéaste que lui n’a autant parcouru le monde, et exploré un si grand nombre de territoires. Voyage au coeur des paradis artificiels, images psychédéliques, musiques des Pink Floyd, More (1969) fit du créateur des Films du Losange et producteur d’Éric Rohmer un metteur en scène en vue. Qui ne tarda pas à prendre la tangente, direction la Nouvelle-Guinée pour La Vallée (1972), puis l’Afrique, pour y dessiner le plus saisissant des portraits de dictateur (Général Idi Amin Dada, 1974). Barbet Schroeder, un documentariste ? Oui. Enfin, oui, aussi. Car le voici qui dirige Bulle Ogier et Gérard Depardieu dans Maîtresse (1975), puis Jacques Dutronc et Bulle Ogier dans Tricheurs (1984), deux films séparés par un autre documentaire, Koko, le gorille qui parle (1978). Quelques années plus tard, il s’installe à Hollywood, où il adapte Bukowski (Barfly avec Mickey Rourke et Faye Dunaway, 1987) et réalise Le Mystère von Bülow, immense succès, et quelques autres. Barbet Schroeder, cinéaste hollywoodien ? Oui, et non. Son amitié avec l’écrivain colombien Fernando Vallejo et son désir d’expérimenter un nouveau type de caméra le conduisent à Bogota, où clandestinement, sous la menace des gangs de trafiquants de drogue, il filme La Vierge des tueurs (2000).

    Bientôt, il lui prend fantaisie d’explorer les mystères et les contradictions d’un avocat controversé, et cela donne L’Avocat de la terreur (2007), modèle de film enquête. Et puis, parce que depuis qu’il y présenta More il avait envie d’y réaliser un film, direction le Japon, pour Inju (2008), polar sanglant et tourneboulant. Ces derniers temps, il caressait le projet d’un film en Louisiane, mais il se peut qu’aujourd’hui il se trouve déjà à l’autre bout du monde. Ah oui, c’est vrai, Barbet Schroeder est aussi acteur.

    Né en 1941 à Téhéran, il est d’ascendance allemande (sa mère a quitté l’Allemagne en 1933 et a ensuite toujours refusé d’acheter le moindre objet de marque allemande) et de culture française, il se présente comme un cinéaste américain et se dit Colombien de coeur. Barbet Schroeder est un homme et un metteur en scène multiple, en cela aussi il est unique. Et jamais là où il se sait attendu. Si ce n’est au Forum des Images le 18 décembre, il va de soi. Et le risque est grand ce soir-là de ne savoir par où commencer, et d’avoir du mal à en finir.

    Pascal Mérigeau

    Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007),“Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).