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    "À bout de souffle"
    "À bout de souffle" © Collection Christophel

    Cinéma ville - juin 2014

    Mélis-mélos de mélos

    Paris, ville lumière, ville cinéma, a inspiré des milliers de films. Autour d’un réalisateur, d’un acteur, d’un quartier, d’une époque ou d’un thème, CinéMa ville propose chaque mois une exploration de ce qui palpite dans la cité.

    Ce mois-ci sera mélo, peut-être le plus beau genre du cinéma. Une invitation aux larmes avec Paris comme décor de ces histoires tristes qui finissent presque toujours mal. Il suffit de se laisser aller et d’y croire. Osez pleurer dans le noir, laissez de côté le vraisemblable pour mieux vivre et partager avec intensité les émotions que nous offre ce genre populaire.

    Ce voyage dans le pays du mélodrame commence dans les années 30, époque glorieuse du genre en France. L’occasion est belle de rendre hommage à des oeuvres et cinéastes un peu oubliés. « Les films de Grémillon pourraient être dits des mélodrames, puisqu’ils développent le thème d’un destin, d’un conflit souvent sentimental d’individus avec le reste du monde. Pourtant, leur romanesque n’est pas romantique et le lyrisme de Grémillon, loin de céder à l’épanchement et à l’emphase, est au contraire pudique et précis. » (Jean-Louis Comolli). Le trop rare La Petite Lise, son premier film parlant, et Lumière d’été confirment l’analyse.

    Le mélodrame est indissociable des acteurs qui ont porté haut cet art de la fatalité douloureuse. On imagine mal de nos jours la popularité d’une Annabella (Hôtel du Nord, La Bandera) ou d’une Gaby Morlay, lumineuse dans Le Bonheur, d’après Henry Bernstein, face à un Charles Boyer passionné. Ce drame romanesque et satirique est l’un des meilleurs films de Marcel L’Herbier.

    Paul Vecchiali se souvient de ces films vus enfant : « Corps à coeur, c’est le film que je rêvais de faire quand j’étais gosse. Les mélodrames des années 1930 sont vraiment les films qui m’ont fait vibrer et donné le secret désir d’en fabriquer moi-même. […] Finalement, l’impression qui se dégage du film, je crois, c’est le bonheur dans la douleur, les larmes qui font du bien. »

    Détourné façon Nouvelle Vague (Tirez sur le pianiste ou À bout de souffle), le genre retrouve un nouvel élan dans les années 90 (N’oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois, drame du sida) ou Bleu, premier opus de la trilogie Kieślowski. Jusqu’à ce joyau tombé du ciel, Holy Motors.