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    Cinéma ville - janvier 2013

    Le Paris des écrivains

    “Paris est toujours cette monstrueuse merveille, étonnant assemblage de mouvements, de machines et de pensées, la ville aux cent mille romans, la tête du monde”, a écrit Balzac. Près de deux siècles plus tard, explorons ce Paris des écrivains.

    Enfant, il a découvert, au détour d’une page des aventures d’Arsène Lupin, que le fameux gentleman cambrioleur habitait dans sa rue (la rue Charles-Laffi tte à Neuilly-sur-Seine). Depuis, Didier Blonde arpente inlassablement les rues de Paris pour “aller y voir”, aux adresses indiquées dans les ouvrages qu’il aime. Son beau livre “Carnet d’adresses” (Éd. Gallimard, 2010) raconte ses pérégrinations et rêveries littéraires et parisiennes. “Chaque adresse est le musée ordinaire d’un personnage que je peux visiter sans même acquitter de droit d’entrée. Certaines peut-être deviendront celles de sites recommandés du tourisme parisien. Ouverts à tous. Ici, pas de vitrines, de guides, ni de fausses reconstitutions, tout est authentique : j’accorde le lieu à mes souvenirs de lecture et le peuple d’autres présences. Il est temps que la ville reconquière le terrain perdu de son imaginaire.”
    Et comme, toujours selon Didier Blonde, “les immeubles parisiens sont des palimpsestes de l’imaginaire romanesque que le cinéma a le privilège de pouvoir me restituer d’un seul coup d’oeil, en une image de synthèse”, peut-être pourrions-nous aussi “aller y voir”. Peut être pas nous rendre sur les lieux où ont été tournés les fi lms de ce Cinéma Ville, mais au moins nous interroger sur ce qu’on pourrait y trouver.


    Le moulin de Saint-Arnoult-en-Yvelines, où ont vécu Aragon et Elsa Triolet et où Agnès Varda a tourné en 1967 Elsa la rose, est aujourd’hui un musée en souvenir du couple d’écrivains. Mais qu’est devenu le petit appartement de la place Maubert encombré de livres où le philosophe Gaston Bachelard fut interviewé en 1961 pour la télévision, parlant simplement de la pensée, des flashs d’actualité et des travaux ménagers ? Qui habite désormais l’appartement de Jean-Paul Sartre avec vue sur la tour Montparnasse où s’entassaient, en 1972, réalisateurs, compagne et compagnons de route pour les besoins du tournage de Sartre par lui-même ?
    Les abords du bois de Boulogne sont-ils toujours fréquentés par de perverses et élégantes jeunes femmes portant toque en fourrure, comme dans Les Dames du bois de Boulogne ? Les vastes appartements habités par les créatures de Cocteau dans Les Enfants terribles et Les Parents terribles sont-ils encore occupés ? À moins qu’ils n’aient jamais été que des maisons de cinéma jonchéesde rails avec faux plafonds et murs escamotables…
    Ces allers et retours entre passé et présent, lieux de fiction et lieux réels, donnent le vertige. Mais comme il est justement dit dans
    Les Parents terribles : “Le temps est élastique. Avec un peu d’adresse, on peut avoir l’air d’être toujours dans un endroit et être toujours dans un autre”.