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    Berlin la nuit, c’est aussi fini ?

    en partenariat avec Courrier International

    Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. La capitale allemande réunifiée allait vite s'imposer comme un foyer de création et d'inventivité. Un lieu où faire la fête aussi. Vingt-cinq ans après, qu'en reste-t-il ?
    Quelques éléments de réponse avec le film Berlin Calling.

    L'affiche de Berlin Calling résume à elle seule la fascination qu'exerce Berlin au tournant des années 1990 et 2000, plus de dix ans après la chute du Mur – sa fragilité, aussi. DJ Ickarus, le héros du film de Hannes Stöhr (2008), pose en camisole, lunettes de soleil sur le nez, le pied sur une boule à facettes. Dans la fiction, la séance photo est organisée dans l'asile psychiatrique où le musicien a été interné d'urgence, exténué par des excès en tous genres. Le cliché illustrera la pochette de son nouvel album. "Icka" voudrait l'intituler Titten, Techno und Trompeten (Tétés, techno et trompettes). Mais sa productrice en décide autrement : ce sera Berlin Calling, "plus international".


    Berlin Calling de Hannes Stöhr (2008)

    Comme le héros du film, incarné par le DJ Paul Kalkbrenner, la capitale allemande ne dort alors plus. Sommée de se réinventer, schizophrène en rémission, elle s’adonne à une frénésie de musique, de sexe, de drogue et de fête. Elle exhibe ses balafres et ses fêlures à qui lui rend visite, elles sont son meilleur argument de vente, son certificat d’originalité, le moteur de sa créativité. Mais comme DJ Ickarus, elle commence parfois à se répéter, à tourner en rond, à tourner dans le vide. C’est la fin de sa période underground la plus trash.

     

    Extrait de Berlin Calling de Hannes Stöhr (2008)

     

    Les touristes Easy-jet affluent, les riverains se plaignent de tapage nocturne. La pression immobilière augmente, squats et clubs ferment. Berlin s’embourgeoise. Un destin connu par Paris, Londres ou encore Barcelone avant elle. Signe des temps, tandis que la presse française n'en finit plus de constater, année après année, que "Paris s'endort", la presse allemande s'inquiète du phénomène qu'elle a baptisé Clubsterben. Comprendre : la mort des discothèques.

    Toujours dans le top 5 européen de la fête, contrairement à Paris, la capitale allemande continue certes à vivre de son nom, de ce qu’il évoque à l’international. Un tiers des 11 millions de touristes qui affluent chaque année sur les berges de la Spree viennent là pour des motifs noctambules. Mais cela durera-t-il ?

    Marie Béloeil, Courrier international
    @InitialesMB